Avec son miel, Adeline vise la lune

Publié le 9 Fév 21

Adeline Raguin n’a pas peur des défis. Ce goût du risque et de la découverte l’a conduite à une reconversion professionnelle, il y a une dizaine d’années, pour devenir apicultrice.

A 41 ans, Adeline Raguin, apicultrice professionnelle en Meurthe-et-Moselle, ne cherche pas forcément la facilité. Opter pour l’univers agricole quand on n’est pas issu du milieu et que l’on est une femme, voilà qui peut paraître atypique. Mais par son exemple, elle montre que c’est possible !

Un itinéraire original

Originaire de la région parisienne, après une formation initiale universitaire dans le droit et une première expérience professionnelle en tant qu’assistante dentaire, Adeline Raguin a décidé de changer de métier à la naissance de sa fille Apolline. « Je voulais travailler avec la nature. La vie et l’élevage des abeilles ont piqué mon intérêt. Je me suis lancé alors dans une folle aventure ». Mais en toute franchise (car Adeline n’est pas de celle qui tourne autour du pot…quand bien même fut-il de miel), elle le reconnaît aisément, cela n’a pas été facile. « Bien sûr la Chambre d’agriculture m’a conseillée. Bien sûr je suis allée rencontrer des apiculteurs professionnels mais je me suis parfois sentie un peu seule. C’est par mes expériences de terrain, mes erreurs de débutante que peu à peu je me suis initiée au métier ». Sachant dépasser ces difficultés, elle les balaie d’un rire franc et sonore et avec son caractère vif et dynamique, elle avance et poursuit son chemin.

Aujourd’hui elle gère un peu plus de 200 ruches. « Je suis dépendante de mes abeilles. Je ne suis pas sûre de ce qui peut arriver. Chaque saison est différente. Il y a le risque de conditions météorologiques défavorables ou bien encore les aléas lors des déplacements des ruches. Mais quel plaisir d’aboutir à un produit fini aussi noble que le miel ! ». C’est ainsi que, suivant les récoltes, Adeline commercialise entre 6 et 10 tonnes de miel par an. Du miel toutes fleurs, de l’acacia, de châtaignier, de sapin, de forêt, de tilleul, de tournesol, de luzerne ou bien de montagne : sa gamme est très étendue.

Une valorisation diversifiée

Avec son cheptel, afin d’assoir la rentabilité économique du Royaume des abeilles, Adeline a développé la vente de produits dérivés du miel : pains d’épices, confiseries, vinaigres ou moutardes, hydromel, cosmétique, bougies ou bien encore bergamiel (bière au miel aromatisée à la bergamote).

Ces produits, Adeline les fabrique elle-même ou les fait fabriquer. « Je tiens à faire travailler les artisans ou d’autres producteurs pour leur permettre eux aussi de se déployer, en sublimant ma matière première à travers leur savoir-faire ». Les produits sont actuellement vendus dans des épiceries fines ou dans des magasins de producteurs. « Je vais également essayer de développer prochainement la vente en ligne sur mon site Internet. Mais étant seule sur l’exploitation, il est difficile de mener tout de front ».

Le partage et l’ouverture

Et Adeline ne manque pas d’idées pour toujours innover. « J’aimerais bien me rapprocher de Chefs cuisiniers car ils savent mettre en valeur nos productions. J’y suis d’autant plus sensible que mes parents étaient restaurateurs. Je suis aujourd’hui très émue face à la situation dans laquelle se trouve cette profession, en pleine crise sanitaire ».

Mais avant tout, Adeline tient à partager la passion de son métier d’apicultrice. « Afin d’expliquer aux consommateurs et les rassurer, il nous faut raconter notre façon de produire ». Elle en est convaincue : c’est par l’échange et l’ouverture aux autres ainsi que par une dynamique collective qu’il sera possible d’obtenir une reconnaissance professionnelle en retour. Encore un défi qu’Adeline est prête à relever !

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