De la jeune pousse urbaine vitaminée

Publié le 4 Nov 20


Karima Fatmi est une pionnière : elle a créé la première ferme urbaine des Hautes-Pyrénées. C’est à Tarbes qu’elle est installée agricultrice depuis septembre 2020 et produit des micro-pousses de végétaux. Afin de consolider son activité, elle travaille actuellement à améliorer la commercialisation et réfléchit à de nombreux développements possibles à venir.

Arrivés à un certain âge, certains rêvent d’une reconversion professionnelle pour être plus en cohérence avec leurs façons de vivre, mais ils ne vont généralement pas jusqu’au bout de leurs réflexions. Karima Fatmi n’a pas fait que rêver, elle a préparé pendant deux ans son projet : devenir agricultrice. « Je suis issu d’une famille d’agriculteurs et donc très sensible à travailler la terre » précise-t-elle. Ce n’est toutefois pas vers des productions classiques qu’elle se tourne mais vers la culture de micro-pousses. Il s’agit de graines germées dont on récolte tiges et feuilles à leur tout premier stade développement.

« En tant que consommatrice de micro-pousses, j’ai souvent regretté la piètre qualité des produits que je trouvais dans le commerce car ils venaient de loin. Je me suis donc penchée sur la possibilité de développer une production locale. Pendant un an et demi, je me suis formé sur le sujet. A 39 ans, sans diplôme agricole, totalement autodidacte, je n’ai pas pu bénéficier d’aides à l’installation. Mais la caisse locale du Crédit agricole a accepté de m’accompagner, jugeant mon projet solide et pertinent ».

Dans un local qu’elle loue au centre de Tarbes, Karima Fatmi cultive sur des étagères des plantes hors-sol à l’aide d’une solution nutritive organique*. La culture est conduite sur la base de l’agriculture biologique, sans pesticide de synthèse ni engrais minéral. Une démarche est d’ailleurs engagée pour certifier l’exploitation en agriculture biologique.

Ce ne sont pas moins de 11 variétés différentes qui sont ainsi cultivées pour l’alimentation humaine (betterave, chou rouge, blé, pois, moutarde, tournesol…). « Cette production correspond aux attentes pour une alimentation vivante du bien manger, s’appuyant sur les circuits courts » souligne Karima Fatmi. « Les jeunes pousses sont pleines d’enzymes et de chlorophylle. Elles apportent au consommateur de nouvelles saveurs et plein de vitamines ».

Actuellement, les ventes sont réalisées auprès de restaurateurs mais également sur les marchés et dans des magasins spécialisés. « Je reçois un très bon accueil de la part des consommateurs mais pour pérenniser mon activité, il me faut accentuer mes efforts sur la promotion et le développement de mon réseau de distribution » reconnaît Karima Fatmi. Mais cela ne l’empêche pas de réfléchir déjà à d’autres pistes de développement, comme la production de jus d’herbe de blé. « C’est un produit très intéressant mais cela nécessite une étude de marché approfondie ainsi qu’un investissement dédié à la réalisation d’un conditionnement adapté ». Autre idée qui germe également dans l’esprit de l’agricultrice : la production de micro-pousses de blé ou d’orge pour l’alimentation animale. « En Afrique du Nord mais également en Espagne ou au Portugal, les éleveurs de ruminants donnent des micro-pousses à leurs animaux en hiver. Ce complément alimentaire est très bénéfique pour la santé de l’animal mais également pour la qualité de la viande et du lait. J’aimerais bien faire connaître ces avantages aux professionnels de l’élevage de la région ». Décidément, Karima Fatmi ne manque pas d’idées pour innover, et encore moins d’énergie !

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* cette pratique est appelée également bioponie

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