L’empreinte carbone de la baguette en débat

Publié le 27 Avr 22

Toute la filière blé-farine-pain est engagée dans une démarche RSE, dans laquelle l’approche bas carbone occupe une place importante. Lors d’un récent débat au Salon de l’agriculture, les représentants de la filière ont rappelé et exposé leur volonté d’approfondir cette thématique.

« Les consommateurs nous interrogent sur la qualité de nos produits mais également sur l’empreinte carbone de nos baguettes » témoigne Pour Dominique Anract, président de la CNBPF, Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française. « Notre approche RSE de la filière blé-farine-pain doit intégrer cette problématique ».

Le regard se porte bien évidemment sur le début de la filière : la production de blé. Concernant le climat, « l’agriculture est victime, cause et solution » estime Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. « Victime car nous subissons les aléas du climat. Cause car l’agriculture est responsable de l’émission de 19% des gaz à effet de serre. Et solution car nos cultures captent et stockent du carbone ». Des outils existent pour aider les agriculteurs à se situer et à progresser sur cet enjeu climat. Ainsi, la coopérative Vivescia propose à l’ensemble de ses sociétaires un diagnostic carbone simplifié. Pour Eric Thirouin, président de l’AGPB, Association générale des producteurs de blé, un effort doit être mené sur la recherche variétale. « Un blé tolérant aux aléas climatiques constitue une des solutions de demain. Même si la production de blé capte sept fois plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en émet, la profession tout entière est engagée dans le label bas carbone pour adapter les modes de production ».

Christiane Huyghe, directeur scientifique de l’Inrae, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, estime que « c’est toute la filière qui doit s’inscrire dans une trajectoire globale de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Le changement climatique est le défi de l’humanité dans les 50 prochaines années. Mais on ne peut agir que sur ce que l’on peut mesurer. Or actuellement, il est impossible de calculer le bilan carbone d’une baguette ».

Lionel Deloingce, de l’ANMF, Association nationale de la meunerie française, témoigne que les meuniers sont bien conscients des efforts à accomplir pour progresser dans ce sens. « Le transport fait partie des priorités : pour améliorer notre bilan carbone, nous cherchons à revoir nos livraisons, en utilisant par exemple des biocarburants ».

Une fois que tous les maillons de la filière auront progressé en s’appuyant sur des outils fiables pour établir le bilan carbone de la baguette, il sera possible d’en informer le consommateur. « Le vecteur de la communication, c’est le boulanger lui-même qui devra être pédagogue pour expliquer simplement le bilan carbone de la baguette » estime Jean-Luc Chapuis, président du syndicat des boulangers de Haute-Loire.

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