L’agriculture, une cause nationale au cœur des enjeux politiques
Le 23 septembre, Sébastien Abis, directeur du Club Demeter, Guillaume Lefort, agriculteur président d’#agridemain et Arnaud Montebourg, entrepreneur et ancien ministre, débattaient autour de l’agriculture française : sa résistance face à la crise, son importance stratégique pour la France ou bien encore sa relation avec le consommateur.
L’impact de la crise sanitaire
Guillaume Lefort constate qu’en tant qu’agriculteur, il a eu la chance, pendant la crise, de pouvoir continuer à travailler et à nourrir la population. Il n’y pas eu ainsi de rupture de la chaîne alimentation.
Pour Sébastien Abis, la résistance à la crise du secteur agricole n’est pas une surprise car c’est un secteur performant. “Vous n’êtes bon en période de crise que si en période ordinaire vous êtes performant” souligne-t-il.
Quant à l’impact de cette crise, celle-ci “n’a fait qu’accélérer les tendances déjà à l’œuvre“, fait remarquer Arnaud Montebourg : retour au lien direct entre consommateur et producteur, mais aussi meilleure rémunération du producteur.
Une souveraineté alimentaire indispensable
Pour Guillaume Lefort, au même titre que la santé ou la défense, l’alimentation est un secteur stratégique pour la France. “Il est essentiel de pouvoir sécuriser en grande partir l’autonomie alimentaire de notre pays. Pour autant, il ne faut pas rejeter non plus la mondialisation de produits que nous ne pourrons jamais produire“.
Sébastien Abis partage cet avis et souligne que “la souveraineté ce n’est pas l’enfermement. La souveraineté c’est assumer des dépendances et tenter de les atténuer. Mais c’est aussi cultiver des performances dans la durée, avec constance pour avoir un maximum d’autonomie“.
Arnaud Montebourg souhaiterait que la France opte pour ce que tous les autres pays font, à savoir une dose de protectionnisme et d’ouverture. “Quand on est faible, on se protège. Et quand on est fort, on demande aux autres de s’ouvrir“.
Une agriculture diverse pour une multitude d’attentes
“Il faut garder en tête que le consommateur français aujourd’hui est extrêmement hétérogène” fait remarquer Sébastien Abis. “Cette hétérogénéité s’intensifie. Il faut respecter cette diversité et il faut donc avoir une diversité d’agricultures à proposer“.
C’est pour cela que Guillaume Lefort estime qu’il “faut être ouvert à toutes les formes d’agriculture. On a en France des agricultures diverses qui sont plus complémentaires que concurrentes. Il faut répondre à toutes les attentes différentes des consommateurs“.
Pour Arnaud Montebourg, “l’orientation de l’agriculture sera une coexistence de ceux qui ne font pas la même chose“. Cette orientation devra être tracée par les pouvoirs publics en relation avec les organisations professionnelles mais également avec les consommateurs. “Car l’alimentation est un sujet de société, de toute la société“.