Une agriculture écologiquement bien ficelée

Publié le 22 Mar 21

Agriculteur dans le Sud des Landes, en Chalosse, Jean-Paul Dumartin fait dans le petit format avec une exploitation de seulement une cinquantaine d’hectares, spécialisée dans la vente directe de petites bottes de paille et de foin. De petites dimensions mais de grande qualité environnementale : l’agriculteur multiplie depuis plusieurs années des pratiques agroécologiques sur sa ferme certifiée HVE, haute valeur environnementale.

« Mon exploitation s’étend sur très peu d’hectares et je n’ai pas eu la possibilité de m’agrandir, j’ai donc décidé en 2010 de chercher une diversification » détaille Jean-Paul Dumartin, agriculteur à Serres-Gaston, dans les Landes. « Je me suis rendu compte que je pouvais valoriser mon exploitation en développant la commercialisation de petites bottes de paille. Puis j’ai converti quelques surfaces de maïs en prairies pour faire des petites bottes de foin ». Car la demande est là. « Aujourd’hui, 90% de mes ventes sont destinés à des particuliers pour leurs animaux domestiques (chèvres, moutons, lapins…) mais également pour le paillage de jardins. D’autres usages se sont également développés : la construction et l’isolation des maisons avec de la paille, ou bien encore l’emploi de bottes de paille pour apporter une tonalité champêtre à des fêtes, des mariages ou d’autres évènements ». Le reste de la production des petites bottes part pour des professionnels, et notamment dans les élevages de volailles. « Lorsque les canetons arrivent dans un grand bâtiment d’élevage, il est possible de les regrouper dans un espace plus réduit grâce à un cloisonnage avec des petites bottes. Cela évite d’utiliser du grillage ou des barrières, ce qui est préférable pour les conditions sanitaires et pour le bien-être animal ».

Si le bouche à oreille a très bien fonctionné au démarrage de l’activité, Jean-Paul a su développer et entretenir la communication : un site Internet, une présence sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram), des flyers, des panneaux de publicité, sponsoring d’associations… Et le terme « petitebottedepaille » a même été déposé à l’Inpi, l’Institut national de la propriété industrielle. Par ailleurs, Jean-Paul participe à des animations avec Les jardins reconnaissants, visant à vulgariser une approche agroécologique du jardinage, en pratiquant la permaculture ou la culture sur bottes de paille au sein de jardins partagés.

Cultures sur bottes de paille

La protection de l’environnement comme fil conducteur

Quand Jean-Paul a repris l’exploitation familiale en 1991, les terres étaient alors consacrées entièrement à la monoculture de maïs. « J’ai voulu repenser les pratiques culturales et au début des années 2000, j’ai mis en place une rotation de cultures en intégrant des céréales à paille (blé, avoine, orge) puis des oléagineux (colza, tournesol). Entre chaque culture, j’ai introduit des couverts végétaux ». Ces couverts offrent de nombreux atouts agroécologiques : ils couvrent le sol le protégeant de l’érosion, ils réduisent la fuite vers les nappes phréatiques de l’azote tout en restituant cet azote pour la culture suivante, enfin ils améliorent la structure du sol et limitent le développement de « mauvaise herbes », les adventices.

« La clientèle m’a encouragé à aller dans le sens d’une agriculture raisonnée, respectueuse de l’environnement. C’est la raison pour laquelle la conduite de mon exploitation est axée sur le triptyque : augmentation de la rotation des cultures, développement des couverts végétaux et diminution de l’utilisation de produits phytosanitaires ». Il s’appuie pour cela sur les conseils de sa coopérative Euralis et des techniciens de la Chambre d’agriculture.

En 2020, Jean-Paul s’est lancé dans l’agroforesterie : « je cultive 8 hectares de cultures au milieu de peupliers. Cela a l’avantage de limiter l’érosion, d’augmenter la matière organique des sols, et de contribuer au maintien de la biodiversité. Je m’en aperçois concrètement avec une fréquentation en hausse d’oiseaux dans mes parcelles ». En 2020 également, l’exploitation a été certifiée HVE, haute valeur environnementale, mettant ainsi en évidence le raisonnement global agroécologique appliqué sur la ferme.

Jean-Paul ne manque pas d’énergie pour s’engager dans une agriculture durable. Et si cela peut lui permettre de produire de l’énergie verte, c’est encore mieux. Ainsi, profitant de la construction d’un nouvel hangar de stockage de paille et de foin, il a équipé sa toiture de panneaux photovoltaïques.

Innover et progresser

Jean-Paul, âgé de 51 ans, va être rejoint par son fils Julien sur l’exploitation au cours de cette année 2021. « Même si je complète mon activité avec de l’agrotourisme grâce à un gîte rural, mon exploitation n’est pas suffisamment rentable pour faire vivre deux personnes. Julien va donc devoir innover et développer d’autres activités. Il prévoit ainsi de réintroduire de l’élevage sur la ferme avec un atelier de volailles en plein air (poulets et poules pondeuses), avec la mise en place de vente directe auprès des consommateurs. Parallèlement, il envisage de développer l’agroforesterie et la plantation de haies ». Assurer la rentabilité de l’exploitation, dans le cadre d’une approche écologique et d’une dynamique du territoire, la démarche de Jean-Paul Dumartin semble prometteuse et porteuse d’avenir.

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