Le Nutri-Score sensibilise à l’importance de la qualité nutritionnelle de notre alimentation

Publié le 4 Avr 23


Véronique Braesco, docteur en nutrition, membre de l’Académie d’agriculture de France voit dans le Nutri-Score, un système bonus-malus de notre alimentation, très apprécié par certains (notamment les consommateurs), tout en étant décrié par d’autres.

Le Nutri-Score est un système d’information simplifié qui synthétise la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire en une seule lettre colorée (d’un A vert à un E rouge). Il repose sur un algorithme précis et affecte des points de « pénalité » selon la teneur en calories, graisses saturées et sucres dans 100 g de produit, et des « bonus » selon la teneur en fibres alimentaires, protéines, fruits et légumes, légumineuses, etc.

Le Nutri-Score cherche d’une part à promouvoir des comportements d’achats plus vertueux, en permettant au consommateur de visualiser rapidement la qualité nutritionnelle des produits et, d’autre part, à inciter les industriels à améliorer cette qualité. Le Nutri-Score est connu par une très grande majorité des Français et beaucoup pensent qu’il devrait être obligatoire.

Le Nutri-Score est la cible de multiples critiques, souvent contradictoires. Certains le trouvent incohérent et s’étonnent de voir les sodas dotés d’une meilleure évaluation que les sardines ou l’huile d’olive. D’autres regrettent qu’il n’intègre pas des dimensions liées au mode de fabrication (de nombreux aliments dits « ultra-transformés » sont bien classés par le Nutri-Score) ou au mode de production (les produits bio ne sont pas forcément bien classés). Si ces critiques dénotent une compréhension erronée de ce qu’est un système de profilage nutritionnel, elles reflètent une certaine confusion, voire des inquiétudes qu’il faudrait savoir gérer.  

Par ailleurs le Nutri-Score considère toujours 100 g de produit, quand les quantités habituellement consommées varient (100 g de beurre ou 200 g de purée de pommes de terre) et il n’intègre pas la fréquence de consommation (quotidienne pour du pain et plus rare  – normalement – pour du chocolat). Des modifications ponctuelles de l’algorithme ont récemment été proposées, mais elles ne feront pas taire ces critiques.

L’utilisation du Nutri-Score est officiellement encouragée dans certains pays, dont la France, mais demeure facultative. Un système harmonisé et obligatoire est prévu au niveau européen, mais le sujet est devenu très politique et les décideurs se montrent prudents. Nul ne sait si le Nutri-Score ou un autre système sortira gagnant de discussions qui risquent d’être longues et houleuses.

Mais le Nutri-Score a déjà atteint un objectif : sensibiliser l’opinion à l’importance de la qualité nutritionnelle de notre alimentation.

Source : tribune parue dans Le Mensuel de l’Académie d’agriculture de France n° 83

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