Un petit goût de Beauce, al dente

Publié le 25 Fév 21

En rejoignant ses parents sur l’exploitation familiale, Corentin Langé a développé une activité de fabrication de pâtes artisanales. Une diversification bien ancrée dans le territoire qui donne l’occasion de se rapprocher du consommateur.

Ingénieur en agriculture, Corentin Langé a travaillé pendant trois ans comme commercial dans un négoce. « Mais je ne me suis pas véritablement épanoui dans ce poste. J’avais besoin de revenir au plus près du terrain agricole » précise-t-il. Ses parents, Marc et Stéphanie, étaient encore loin de la retraite, il n’était pas question de s’installer tout de suite en reprenant la ferme familiale basée à Lumeau, en Eure-et-Loir. « Nous avons donc cherché, il y a 3 ans, une diversification sur l’exploitation et parallèlement je possède une entreprise de travaux agricoles qui me permet de réaliser la ferme de mon cousin à façon ».

La ferme d’Ecuillon cultive l’innovation

Blé tendre, blé dur et maïs constituent les cultures traditionnelles de l’exploitation familiale, d’environ 150 hectares. « Mes grands-parents se sont lancés dans les années 70 dans des cultures moins classiques pour la région, avec la production de semences, que mes parents ont poursuivi en s’installant en 2001. Ainsi, actuellement un bon tiers de notre exploitation est consacré à l’activité semencière avec diverses cultures porte-graines (carotte, mâche, betterave, sarrasin, haricot, pois) et également du blé dur en multiplication de semences ».

Avec le souhait de venir rejoindre ses parents sur l’exploitation, il a été nécessaire de réfléchir à une nouvelle activité. « Parmi les productions de la ferme, celle du blé dur se prêtait tout particulièrement à une valorisation. Nous livrons chaque année environ 20 tonnes de notre blé dur à un meunier. Nous avons réhabilité un ancien corps de ferme en atelier de fabrication et nous transformons ainsi la farine en pâtes sèches sur l’exploitation. Grâce à un temps de séchage long de 19 heures, les qualités gustative et nutritive de nos pâtes sont fort appréciées ».

Entre 15 à 16 tonnes de pâtes sèches « Ferme d’Ecuillon » sont ainsi commercialisées chaque année. Elles sont déclinées sous 5 formes et plusieurs parfums : nature, tomates, épinard, cèpes, encre de seiche, ail. Vendues en grandes et moyennes surfaces, ainsi que dans des magasins de producteurs, ces pâtes affichent leur caractère local et régional puisqu’elles sont vendues très majoritairement sous la marque Terres d’Eure-et-Loir. En moindre quantité, les pâtes vendues hors du département le sont sous la marque C du Centre. « L’ancrage local de notre production est essentiel, insiste Corentin. En achetant un produit Terres d’Eure-et-Loir, le consommateur a la garantie d’une production qualitative et de proximité. En effet, les producteurs de cette marque s’engagent à respecter une charte, qui précise les conditions de production et la provenance des produits ».

Se rapprocher du consommateur

Même si la vente directe de pâtes à la ferme est peu développée, les visites occasionnelles de touristes contribuent au rapprochement avec les consommateurs. « Certains visiteurs de la Maison du tourisme Cœur de Beauce ou du musée historique de Loigny-la-Bataille, situés à proximité, poursuivent leurs sorties touristiques jusqu’à chez nous pour découvrir la fabrication des pâtes. C’est alors l’occasion également de détailler notre façon de travailler et d’expliquer toute la complexité de l’agriculture. C’est en communiquant simplement sur nos pratiques que les citoyens en saisiront mieux les bienfondés ».

Un regard tourné vers l’avenir

Échanger avec les consommateurs, c’est aussi être à l’écoute de leurs attentes, parmi lesquelles figure en bonne place la préservation de l’environnement. Et c’est un sujet que Corentin aimerait bien développer en s’engageant dans la voie de l’agriculture de conservation, basés sur un moindre travail du sol.

« D’autres évolutions s’avèrent aujourd’hui nécessaires sur la ferme » estime Corentin. « Face à la concurrence sur le marché des pâtes fermières mais également du fait de l’arrivée probable sur l’exploitation de mon frère Honoré qui poursuit actuellement des études d’ingénieur en agriculture, nous réfléchissons à d’autres diversifications de transformation à partir de nos productions ». L’esprit d’innovation reste en éveil…

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